Le père de Toto aime son fils

par Laurent Quivogne | Soyez sages... ou pas

Toto est un peu notre Nasr Eddin, mais un Nasr Eddin enfant… Tantôt fou, tantôt sage, impertinent, cancre et malin à la fois, d’une naïveté désarmante… Le père de Toto lui a donné une fessée. Il a perdu patience après une énième bêtise du garnement. Peu de temps après, cependant, alors que le remords le ronge, il s’adresse à son fils pour se justifier :
« Tu sais, Toto, je t’ai donné une fessée. Je sais que ça fait mal mais, si je fais cela, c’est parce que je t’aime.
— Oh oui, papa, répond Toto, mais, tu sais, j’ai hâte de devenir grand pour te rendre ton amour au centuple ! »

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Je trouve que c’est une histoire sur la violence. À beaucoup, une simple fessée semble bien peu de choses. J’entends certains d’entre vous me dire : « J’ai eu des fessées et je n’en suis pas mort. » Ma profonde conviction est que la violence, même minime, engendre la violence et qu’il est très difficile de sortir de ce cercle vicieux. C’est comme allumer une cigarette dans un entrepôt d’explosifs : ça n’explose pas à tous les coups, mais c’est une prise de risque incontestable. Toute violence est comme une énergie noire qui se loge en nous. Toto ne fait que dire qu’il rendra cette énergie avec intérêt. Ce qui fait de cette histoire drôle quelque chose d’affreusement banal. Jamais violence n’est d’ailleurs faite sans le prétexte d’une violence préalable. Tout auteur de violence se prétend d’abord victime et, comme les enfants ou Toto dans les cours de récréation, s’exclame : « C’est pas moi qu’a commencé ! »