Deux articles tombent sous mon regard presque en même temps : un article du site fortune.com qui explique que les startups échouent parce qu’elles peinent à trouver leur marché ; un autre de l’usine-digitale qui atteste que les startups meurent moins que les autres entreprises. Je m’attarderai moins sur le contenu de ces articles que sur les signaux qu’ils semblent envoyer : il y a de l’incompétence dans les startups mais ce sont des activités d’avenir. Bref, c’est un truc de jeunes ; des jeunes qui n’ont pas encore atteint leur pleine maturité, et donc leur pleine compétence, mais qui sont l’avenir de notre pays.

Dans le détail, l’étude sur le taux de survie des startups porte sur celles qui ont été financées et qui ont eu à passer sous les fourches caudines de la sélection par les investisseurs. Cela ne rend pas compte de la réalité de l’entrepreneur, qui met dans le projet son énergie et son temps, bien avant de lever des fonds, quand d’ailleurs il tente de le faire. En réalité, le taux de survie est largement inférieur. Et ce n’est rien à côté des statistiques que nous pourrions faire si nous examinions le nombre de projets en gestation.

Nous pouvons nous en effrayer. Ou pas ; et voir un nouveau fonctionnement de l’économie où il faut davantage essayer sans craindre l’échec et, davantage qu’auparavant, selon la définition du succès selon Churchill, « aller d’échec en échec sans perdre son enthousiasme ».

Toutes les grandes extinctions d’espèces sur la planète, en particulier celles des dinosaures, ont été suivies d’une incroyable explosion de diversité ; comme si la nature, après s’être retenue sous le joug d’une ou plusieurs espèces dominantes, avait laissé pleinement s’exprimer sa créativité. Cette formidable histoire est contée par Jean-Marie Pelt dans son ouvrage, La raison du plus faible [1] témoigne d’un fonctionnement complexe et non linéaire : dans les moments charnières, la nature explore de nouvelles voies, quitte à fabriquer des espèces qui ne dureront pas, quitte même à créer des rivaux : sur tous les continents, il y a eu des mammifères placentaires (tels que nous, qui naissons avec un placenta) et des marsupiaux qui portent leur bébé dans une poche, avec des faux jumeaux presque identiques ; les placentaires ont pris le dessus sur tous les continents sauf l’Océanie.

Ainsi cette nouvelle économie, qui semble beaucoup plus qu’auparavant fonctionner sur le mode d’essai/erreur, sans trop se soucier d’examiner la concurrence mais en jouant la carte de la diversité et de la tentative à peu de frais : une boîte au fond d’un garage entre copains, des outils bricolés. Une économie de la diversité qui montre, s’il en était encore besoin, combien nous sommes dans un monde en transition où les anciens modèles déclinent ; qui montre combien nous devons nous adapter pour soutenir ce mouvement où l’échec ne peut plus être stigmatisé, où monter une entreprise ne peut plus être réservé à un petit nombre, où les critères sociaux ne doivent plus déterminer la réussite ; qui montre combien notre société doit être une société de diversité, de fraîcheur et de jeunesse.

[1] La raison du plus faible, Jean-Marie Pelt, Fayard 2009

Article paru sur le site jeune-dirigeant.fr