Des résultats insuffisants ce trimestre! Mention typique d’un bulletin de notes dont, tous, nous avons écopé un jour ou l’autre. Quand ceux qui avaient des résultats suffisants – on dit bons résultats ou résultats satisfaisants – paradaient parfois dans la cour de récréation.

Rien ne change avec le temps; aux résultats scolaires succèdent les résultats dans les affaires, les résultats amoureux, les résultats avec les enfants, les résultats dans le sport, dans ceci, dans cela. Insuffisant ou non. En fonction de quoi nous pouvons nous donner le luxe d’être nous-mêmes suffisants, ou non.

Il pourrait ainsi sembler que la “suffisance” des résultats appelle la suffisance du comportement; nous savons qu’il n’en est rien. Je crois au contraire qu’à l’inverse, la suffisance du comportement appelle tôt ou tard l’insuffisance des résultats.

Être suffisant, c’est se croire soi-même suffisamment empli de savoir, de connaissance, de talent, que sais-je encore, pour faire face à toute situation; c’est-à-dire supposer que les situations se tiennent dans des limites fixées a priori. Ce que les situations, hélas, ne font pas toujours. Le suffisant pourtant a raison la majeure partie du temps; ce qui lui donne raison dans son attitude. Le malheur pour lui est qu’il a parfois, peut-être même rarement, tort énormément.

L’image de la suffisance, c’est une barrière contre un tsunami; une digue contre un ras-de-marée; ou, moins tragiquement, ces enfants qui jouent à faire des remparts sur la plage contre la marée montante.

À l’inverse, l’être conscient de sa propre insuffisance peut être animé d’un sentiment d’urgence qui le pousse à apprendre, à chercher au dehors de lui-même et de ses étroites limites; celui-là, peut-être, sera être armé plus que tout autre au moment de la marée haute, au moment du tsunami.

Tout cela peut sembler aller de soi; sauf que, dans notre société, nous appelons en général la suffisance: confiance en soi; et que nous n’avons guère nous-mêmes confiance en ceux qui doutent d’eux-mêmes. De sorte que nous sommes rassurés quand l’insuffisance des êtres correspond à l’insuffisance des résultats ou qu’au contraire, la réussite se pare de suffisance.

L’humilité est ainsi partout louée, jamais vraiment honorée quand elle se présente réellement.