Improbable vertu, parmi les 4 cardinales, la justice; il n’est qu’à écouter ceux qui ont eu affaire à elle, j’entends la justice d’état avec les juges et les avocats, pour douter qu’elle puisse vraiment apporter la paix de l’âme que, pourtant, on attend d’elle; Saint Louis sous son chêne et le roi Salomon n’ont pas eu grande descendance…

Il s’agit là de la justice rendue par les hommes et l’on sait bien, depuis longtemps, qu’il s’agit d’une gageure; quelle que soit la bonne volonté de l’appareil judiciaire, les verdicts seront toujours rendus “faute de mieux”. L’homme religieux dit qu’il n’est de justice que de Dieu seul; que ce qui est sagesse au yeux des hommes est folie aux yeux de Dieu. Manière de dire que la justice véritable est au delà de nos capacités.

Mais les vertus ne parlent pas des peuples, mais des hommes. Et la justice est aussi affaire personnelle. Non pas seulement devant les tribunaux mais chaque jour, chaque instant dès qu’il s’agit de commercer avec ses semblables. Son emblème nous donne l’image et le sens de sa pratique: une balance. Pas n’importe quelle balance mais cet instrument symétrique composé d’une colonne, d’un fléau (le fléau de la justice!) et de deux plateaux suspendus à chacune des extrémités de ce dernier. Cette balance est équilibrée lorsque le fléau est horizontal, de niveau, et que les plateaux sont face à face, tels des reflets fidèles l’un de l’autre. Ainsi d’un jugement qui n’est équilibré que dans la symétrie; comprenez que chaque partie pourrait, étant à la place de l’autre, accepter le même jugement, la même pesée.

Ce qui fait de la pratique de la justice, vertu cardinale et personnelle, un jeu de miroir où il s’agirait de faire coïncider les reflet avec son modèle et inversement; qui suppose donc notre capacité à se mettre à la place de l’autre et à envisager les choses de son point de vue. Cela non pour la gloire ou pour flatter son bonne conscience, mais bel et bien pour obtenir cette paix de l’esprit en toutes affaires, par l’équilibre de notre esprit. Ce qui n’a rien à voir, avec la satisfaction de “gagner un procès”, quel qu’il fût, expression qui dit assez bien le sérieux déséquilibre du fléau de la balance, et donc l’injustice…