Comprendre le monde
Je suis un jeune homme de 32 ans et je cherche à comprendre le monde, dit d’emblée Clément. 32 ans et pas une journée sans se demander la raison de sa présence sur cette planète, sans être fasciné par ce mystère qu’est le monde ; qui lui semble être un manège, un manège qui lui donne quelquefois le tournis ; sans trop savoir s’il est sur ou hors du manège. J’ai parfois l’impression que je n’existe pas, dit encore Clément, que je ne suis qu’une mosaïque constituée de tous les gens que je connais ; avec qui j’entretiens des relations les plus harmonieuses possibles. Ce qui constitue, avec la compréhension du monde, le grand but de sa vie. J’ai cherché longtemps, ajoute Clément, ce que je pouvais faire de ma vie. Parfois, il se pose la question : « Et si je devenais menuisier ? ». Ou autre chose. Cherché qui il était sur le manège. De tout cela – la recherche de stabilité, de compréhension, le tournis sur le manège – lui viennent le goût de l’improvisation et l’amour de la lenteur. J’aime regarder, dit-il, les choses minuscules, comme les reflets. Et je pourrais tout changer du jour au lendemain dans ma vie. J’aime la lenteur et j’aime aussi la vitesse, et même l’accélération ; mais je déteste la précipitation. Ces envies d’observer et de comprendre le monde, de regarder patiemment et d’exercer un travail qui a du sens, l’ont fait journaliste et réalisateur de documentaires. Elles l’ont fait également faire de l’escalade et aimer la bonne chère. Gravir le monde et prendre de la hauteur ; manger lentement le monde ; comprendre le monde de tous ses sens.
