Dans le monde de l’entreprise, la force et l’intelligence (on pourrait dire d’une certaine façon sagesse si le terme n’était pas galvaudé), sont des vertus reconnues et admirées. Ce qui ressortit à la beauté en revanche est relégué, sinon dans le domaine de la séduction, du moins dans la chose à vendre ou la chose produite. L’industrie du luxe, par exemple, fait du beau, c’est une affaire entendue. Mais ne se préoccupe sans doute pas plus que tout autre secteur de fonctionner en interne de belle manière.

Sagesse, force et… beauté ?

C’est dire que l’esthétique ne pèse guère lourd face à la force – la puissance, l’autorité, la domination – et à la compétence – le  savoir ou la connaissance, le savoir faire, l’expertise. Au contraire, bien souvent cette vertu est associée au temps passé et peut-être perdu, à la sur-qualité, voire au perfectionnisme. C’est presque comme s’il s’agissait d’un résidu de l’ancien temps, au temps où l’intelligence et la puissance de l’industrie n’avaient pas encore produit ses fruits et où le travail bien fait – avec esthétique – était le privilège de rares maîtres qui avaient la connaissance. L’esthétique, un luxe qui ne serait plus d’actualité.

Or, dans les disciplines d’accompagnement – et par voie de conséquence dans le management qui est une forme d’accompagnement – l’esthétique est un critère important pour juger de la qualité relation. Esthétique ne signifie d’ailleurs pas harmonie: de même que dans les domaines artistiques, il est des oeuvres sombres ou torturées ou même provocatrices et la notion de « beau » a été bousculée et revisité. De même, dans la relation, esthétique ne signifie ni amitié, ni absence de conflit, ni même tranquillité.

L’esthétique, c’est quoi et à quoi ça sert?

Mais alors, qu’est-ce que c’est? Je ne me lancerai pas dans une tentative de définition académique, je me bornerai à dire que l’esthétique, qui est d’ailleurs propre à chacun, de reconnaît à « l’effet que la chose nous fait ». Nous sommes là, à la fois de sensibilités différentes, mais aussi de niveaux d’entraînement différents. Pour ma part, par exemple, je reconnais qu’une chose me touche esthétiquement par une sorte de calme intérieur qui s’installe entre le haut de la poitrine et le gosier. Drôle d’endroit mais signe sûr…

Et: à quoi ça sert? Ma conviction rejoint la philosophie antique: si la chose est belle, c’est que le chemin est bon. Peut-être pas le seul ni même le meilleur chemin mais une voie de progrès. Mieux vaut donc un beau conflit qu’un vilain consensus. L’esthétique comme boussole donc. Mais aussi, j’en suis également convaincu, comme porteuse de sens. De même qu’on ne doute pas du sens d’un magnifique paysage, de même le sens de relations esthétiques va de soi. Porteuse de sens et de motivation, pour nous-mêmes et pour ceux qui travaillent avec nous.

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