Ou L’histoire vraie d’un participant du voyage héroïque…

Le voyage héroïque, c’est le stage que nous proposons avec mon complice Alain Pascail et que nous avons conduit trois fois durant le mois de mars dernier, dans le sud de la France, dans les pays de Loire et en région centre. Jérôme est un participant à ce voyage. À l’instar de beaucoup d’explorateurs ou de navigateurs, il ne savait pas vraiment où il s’aventurait. Le titre du séminaire avait attiré son attention et, sans doute, un désir secret de dépassement, d’en savoir plus sur le monde et sur le monde, l’envie même d’être surpris, ainsi qu’il nous l’a confié, l’avait fait s’engager dans ce voyage.

Ainsi que le ferait un pilote sur un bateau, la première chose que nous avons demandé à ce capitaine – car Jérôme est bel est bien un capitaine, comme dans le poème Invictus, le capitaine de son âme, le maître de son destin – c’est de savoir quel cap il souhaitait que nous prenions. C’est le moment où les rêves romantiques d’aventure rencontrent pour la première fois la réalité car, comme le dit Sénèque, “Il n’y a pas de vent favorable pour celui qui ne sait où il va”. Le travail donc de Jérôme a d’abord été de fixer un cap, trouver l’étoile qu’il allait suivre durant son équipée et affirmer ce qui allait lui permettre de quitter la terre ferme et larguer les amarres. Les stratèges d’entreprise diront qu’il s’agit de la vision, ce qui porte l’homme, depuis son port d’attache, jusqu’à sa destination et lui permet de surmonter les tempêtes.

Il en est de toute entreprise comme d’un voyage en bateau: il faut certes fixer le cap et la destination, mais aussi faire les préparatifs et quitter ses habitudes, dire au revoir à son cercle familier qui, peut-être, nous retient. Dans le quotidien, ce sont tous ceux qui nous disent: “n’y va pas, ne prends pas de risques, ne quitte pas le confort de ta situation”. Le pire est qu’ils ont peut-être raison, au moins en partie. Ou peut-être pas. Comment savoir, à quel saint se vouer pour savoir si Jérôme doit outrepasser ces conseils de prudence ou s’il doit les braver, sinon en sondant son coeur après avoir pris les avis d’experts?

Après quoi, une fois passés ces “gardiens” qui nous protègent, parfois malgré nous, il faut affronter la mer, les éléments, les vicissitudes inévitables et Jérôme va découvrir ce qui le freine vraiment dans sa progression: ses propres peurs. sénèque encore qui dit que “La crainte de la guerre est souvent pire que la guerre elle-même.” La guerre ou tout autre fléau, imaginé, amplifié, fantasmé même.

Dans le voyage, nous mettons en scène ces craintes, ces peurs, et je vous jure qu’à cet instant, Jérôme tremble. Qui l’eut cru, alors qu’il semble si sûr de lui, si avisé, si expérimenté. C’est qu’il est un être humain comme chacun d’entre nous, et c’est ce qu’il montre en cet instant. Le groupe – ses compagnons de voyage – va le voir immédiatement et lui retourner son humanité. L’un d’entre eux, qui peut-être en arrivant avait sur le coeur une défiance vis-à-vis de ses semblables, le dira à la fin: je me suis réconcilié avec l’humanité. Un grand mot pour dire qu’il avait vu que les autres avaient, comme lui, des sentiments humains, de ces sentiments qu’on cache habituellement pour paraître fort, performant, invulnérable.

Pour l’heure, Jérôme est face à ce qu’il envisage de pire. Mais de voir ses peurs à l’extérieur, d’entendre au dehors ces voix qui, habituellement, le tourmentent dans le secret de son âme, va tout changer: objectiver. Dès lors, Jérôme peut trouver des ressources, s’appuyer sur ce qu’il sait de lui, imaginer des solutions face aux difficultés.

C’est pour Jérôme la grande récompense du voyage: de l’apaisement. Il sait pourtant que ce voyage n’est qu’un commencement; qu’il reste des étapes à parcourir, qu’il reste du chemin à faire et du travail à accomplir. Pour Jérôme, cependant, le monde n’est plus tout à fait le même.

Cet article est une version romancée, mais pourtant fidèle de ce que vivent les participants. Découvrez le détail du stage “Le voyage héroïque”.