Honorer la création

À Jérôme, il reste le souvenir lointain des montagnes environnantes de sa jeunesse dans les Alpes ; des montagnes comme une matrice, qui lui ont donné l’occasion de moments de grande plénitude. Là, près de Grenoble, plus tard aussi dans l’Himalaya, il a vécu un sentiment d’harmonie, une étreinte avec la nature. Osons l’hypothèse qu’est née à cette occasion sa quête d’artiste : retrouver avec la toile qu’il peint, avec l’argile qu’il modèle, avec la pierre qu’il sculpte une harmonie, un contact intime avec le matériau. J’aime la sensation, dit Jérôme, la convivialité, le partage, j’aime la chère – ou la chair, il ne précise pas. Je suis un extra sensible, ajoute-t-il. Et parfois, l’intensité du contact avec le monde le met dans le désarroi. Il songe alors au rempart érigé par les montagnes de son enfance, ou bien il s’offre le luxe d’une retraite à l’abbaye de Solesmes, où il a ses habitudes depuis des années. À onze ans, j’avais l’idée d’être moine, j’aime la protection de la clôture, comme un enclos. Une envie d’absolu pour se prémunir des vicissitudes de la vie matérielle et se consacrer à la recherche de la plénitude, de tout son être, avec ses mains d’artiste, avec son corps, ses jambes ; sauter soudain dans une joie intense. Jérôme a développé l’art de la pirouette pour s’échapper quand la vie ou le vertigineux du monde le débordent, ou pour éluder une question trop pressante ; des pirouettes pour ménager sa sensibilité. Une sensibilité qui fait partie des dons qu’il a reçus, des dons, dit-il, pour créer des formes à partir de ce qu’il voit et de son imaginaire. Des dons pour, de multiples manières, honorer la création.

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