Monde complexe ?

L’une des grandes banalités du moment est de dire que le monde dans lequel nous vivons est de plus en plus complexe. Qu’il faut par conséquent apprendre à se mouvoir dans cette complexité, l’appréhender non de façon linéaire mais systémique ; qu’il faut remettre en cause nos idées reçues, nos réflexes mécaniques, nos croyances sur la permanence des choses et sur le fait que les recettes d’hier pourraient fonctionner aujourd’hui.

Les choses peuvent être banales et vraies ; les grands changements des dernières décennies, technologiques, démographiques, économies – et climatiques – ont créé du mouvement et bousculé notre vision du monde. Il est devenu en effet difficile de se fier aux enseignements de ceux qui savent ou qui ont fait leurs preuves dans le passé.

Pour autant la complexité n’est pas chose nouvelle. Elle a existé de temps immémorial dans un monde à côté de nous mais que nous sommes nombreux, il est vrai, à côtoyer de moins en moins : la nature en général et la forêt en particulier.

Le récent ouvrage d’un forestier allemand – La vie secrète des arbres [1] – nous dévoile l’incroyable complexité d’une forêt, c’est-à-dire l’étroitesse des liens qui lient les différentes parties de l’écosystème : les champignons, les oiseaux, les herbivores, les parasites, l’eau, l’air, la lumière qui, tous, influent l’existence de l’arbre, dans un sens ou dans l’autre. Ce livre nous donne à voir comment tous ces organismes s’ajustent les uns aux autres et sont finalement interdépendants.

La forêt, une représentation du monde

Aller en forêt, c’est donc d’abord aller dans un monde complexe. Certes, cette complexité nous est largement invisible : invisibles les mouvements de la sève et de l’eau à l’intérieur des arbres ; invisibles la croissance trop lente pour nous des branches et la production du bois ; invisibles les champignons dans le sol, les bactéries en action. Il n’est pas nécessaire cependant de voir pour sentir, ou de sentir pour communier. D’une certaine façon, ces arbres sont du même bois que nous puisque nous sommes, comme eux, de nature organique, puisque nous vivons au dedans de nous des mécanismes similaires d’ingestion, de respiration, de digestion. Je dirais volontiers qu’il y a une compréhension immédiate de notre part, même si cette compréhension n’est pas d’une nature intellectuelle, descriptive ou analytique.

Je ne suis pas en train d’invoquer une quelconque magie ou énergie qui planerait dans les airs et nous permettrait de rentrer en communication avec les arbres. J’évoque simplement la propre complexité de notre organisme, fait de chair, de sang, et qui fonctionne avec l’interaction étroite entre nos cellules et les bactéries que nous hébergeons ; fonctionnement qui fait écho avec celui de la forêt.

Toutes choses qui font de la forêt un espace privilégié de projection de nos propres représentations. Tout comme le monde, la forêt est un endroit qui fascine, qui inspire et qui fait peur tout à la fois. Depuis les contes de notre enfance qui commençaient au cœur d’une forêt profonde jusqu’aux films fantastiques tels que le Seigneur des anneaux, où la forêt joue un rôle de premier ordre, la forêt habite et stimule notre imaginaire. C’est pourquoi elle est un endroit idéal pour évaluer comment nous voyons le monde, comment celui-ci nous impacte et quels sont nos sentiments vis-à-vis de ce qu’il contient : aussi bien ses merveilles que ses coins obscurs.

La marche en forêt, c’est d’abord un moment de décompression

Peter Wohlleben le confirme : marcher en forêt, c’est bon pour la santé. Non seulement, c’est un endroit riche en oxygène (enfin, plutôt en été et pendant la journée), mais « les arbres assainissent l’air en piégeant les particules en suspension ». Les forêts de conifères – quand elles sont plantées dans leur habitat naturel, précise l’auteur – abaissent sensiblement la charge microbienne de l’air, d’une façon sensible pour les personnes allergiques. Peter Wohlleben se fait également l’écho d’un article de scientifiques coréens sur les conséquences de la marche en ville et en forêt chez des femmes d’âge moyen. Le résultat est que la marche en forêt a amélioré la tension, la capacité pulmonaire ainsi que la souplesse des artères.

Au delà de cette incidence sur la santé, la marche en forêt permet de s’extirper du quotidien. Trop de dirigeants en particulier, et de professionnels en général, sont « à fond » constamment, sans jamais prendre le temps d’une respiration, d’un moment de vide et de recul par rapport à leur activité. La forêt est un endroit idéal pour ce faire. De plus, elle permet à des tempéraments habitués à l’agitation de vivre ces moments sans se résoudre à l’immobilité. Simplement marcher en silence parmi les arbres.

La marche en forêt, c’est aussi… de la marche

La santé, la décompression, un espace de projection pour mieux connaître notre attitude face au monde, mais aussi une évidence : marcher en forêt, c’est aussi et tout simplement marcher, non seulement faire de l’exercice, mais aussi se mettre en mouvement et expérimenter une réflexion dans un autre contexte que : assis devant son bureau. Je défends l’idée – portée par nombre d’approches, par exemple la gestalt – qu’un être humain n’est pas un esprit véhiculé par un corps dont on ne soucierait qu’à l’occasion de la visite médicale annuelle ou quand il nous cause des soucis. Nous sommes un tout et ce corps dont nous parlons comme s’il était un appendice ou une extension de notre « moi », est constitutif de qui nous sommes. Marcher, en forêt ou ailleurs, et réfléchir en même temps, c’est faire l’expérience de cette unité et cela constitue l’occasion idéale de vérifier que cela change quelque chose.

Ainsi, pour résumer, la marche en forêt est : bon pour la santé grâce à l’environnement que les arbres nous offrent, bon pour la santé par l’exercice que nous y pratiquons, bon pour l’imaginaire qu’il stimule, bon pour notre connaissance de nous-mêmes, bon pour baisser notre stress – et notre tension artérielle ! –, bon pour faire l’expérience que nous sommes des êtres pleins et entiers.

Qu’attendons-nous ?

N’attendez donc plus pour vous inscrire à l’une des deux journées en forêt, planifiées ce printemps: Journée en forêt, ou contactez-moi pour une journée personnalisée.

[1] La vie secrète des arbres, Peter Wohlleben, Les Arènes 2017