On se souvient de la promesse du précédent président de la République que, bientôt, très bientôt, la courbe du chômage serait inversée. Promesse qui avait fait long feu et avait contribué à la non inversion d’une autre courbe: la popularité de l’homme. Nous vivons ces jours-ci une inversion de courbe. Je ne parle pas du chômage, mais de la lumière avec le retour du rallongement de la durée du jour. Une bonne nouvelle que les peuples fêtent de temps immémorial, Saturnales chez les romains, Noël, Saint-Jean ou Saint-Sylvestre aujourd’hui dans nos contrées, autant de facettes d’une seule et même célébration, celle de l’embellie et du recul de la nuit. Il s’agit moins, au sens strict, d’une victoire de la lumière sur les ténèbres, puisque les nuits continueront pour de longs mois encore à être plus longues que les jours, que d’un retour de l’espérance en des jours meilleurs. Dans nos sociétés modernes, l’événement a quelque chose de banal, moins enthousiasmant que pour des peuples plus en contact avec la nature et davantage soumis à ses vicissitudes. Mais, pour revenir sur le plan économique, nous voyons comment la récente embellie affecte notre moral collectif et combien donc nous sommes encore sensibles à ce genre de phénomène. Et tant pis si, entre temps, la situation a continué de se dégrader – le chômage, la dette, etc. – ce qui compte, c’est la dynamique, ce qui compte, c’est l’espérance. Nous avons besoin de croire en des jours meilleurs. C’est sans doute le difficile de notre époque avec des courbes qui ne semblent pas près de s’inverser, telles le réchauffement climatique, l’extinction des espèces, la raréfaction de certaines ressources… Il ne sert à rien de jouer au prédicateur comme l’avait fait François Hollande et d’annoncer Noël en novembre, car c’est l’inversion qui crée l’espérance et non le contraire. Bonne leçon pour tous les dirigeants, qui dit que dans la difficulté, il n’est pas pertinent d’en appeler au père Noël mais plutôt à la solidarité. Ainsi que l’avait fait, par exemple, Churchill dans son discours en 1940 en évoquant le sang, le labeur, les larmes et la sueur. Somme toute, ne pas savoir, ce qui n’empêche pas d’avoir confiance; cultiver une sereine incertitude et stimuler la confiance plutôt qu’endormir la méfiance.
Mais ne boudons pas notre plaisir avec les inversions de courbe qui se sont bel et bien produites, occasion pour moi de vous souhaiter à tous une bonne et heureuse année 2018: joie, santé et prospérité !