Le propos d’aujourd’hui peut être introduit par une citation de Nelson Mandela : « J’ai appris que le courage n’est pas l’absence de peur, mais la capacité de la vaincre. »

Ce que dit d’abord cette citation, de façon très explicite, c’est qu’avoir peur n’est pas être un lâche. L’absence de peur est du côté de l’inconscience. Être courageux ou, dit autrement, être un héros, c’est d’abord regarder sa peur en face. « Où serait le mérite, si les héros n’avaient jamais peur ? », dit Alphonse Daudet dans Tartarin de Tarascon.

Pour quelqu’un comme moi, chez qui la peur est un sentiment important, parce que j’ai ressenti cette émotion de façon massive, notamment dans mon enfance, c’est plus qu’une leçon importante, c’est une révélation !

Mais l’expression « être courageux », comme « être un lâche », est encore trompeuse. Le courage ne peut se manifester que dans une situation donnée. Tant que je n’y ai pas été confronté, alors je ne sais pas. Seuls les matamores font mine d’en être certains. C’est dire aussi qu’avoir fait preuve de courage dans une situation donnée ne garantit pas que, demain, j’en aurai autant dans d’autres circonstances. Et d’ailleurs comment mesurer le courage s’il est requis par nos peurs intérieures ? Comment savoir « combien » il m’en faudra tant que je n’ai pas été confronté à ma peur, et que je ne sais pas de quelles terreurs anciennes elle est tissée ?

Pour autant, il est possible d’affermir son courage – ou disons sa capacité à manifester du courage – comme un muscle qu’on peut développer. C’est en partie notre projet, avec mon complice Alain Pascail, dans le stage « Entreprendre, un voyage héroïque ». Voilà les 5 étapes du chemin que nous proposons aux participants.

  1. Entendre l’appel : ai-je des raisons de manifester du courage ? Je n’ai aucune raison de pénétrer dans une maison en flammes à moins de savoir qu’une personne chère à mon cœur y est en danger. De même, pour prendre des risques – et qu’importe qu’ils soient réels ou imaginaires – il me faut de bonnes raisons. Ce que nous appelons « entendre l’appel », l’appel étant ce vers quoi je tends de tout mon être.
  2. Identifier les peurs : devant un rideau de flammes, la réponse est évidente : j’ai peur du feu. Mais ce n’est pas toujours le cas, tant certaines de nos peurs et de nos freins sont profonds et en résonnance avec notre histoire personnelle. Démêler la part factuelle de la peur, motivée par un risque réel, et la part fantasmée liée à notre expérience est un travail long. Peu importe cependant, l’expérience de surmonter sa peur dépasse tout besoin de compréhension.
  3. Trouver des appuis: Ce sont les raisons d’avoir confiance ; parce que j’ai déjà vécu une situation similaire, parce que j’ai la compétence, parce que je suis entouré. Ou encore parce que le scénario du « pire » n’est pas si terrible. Il importe de faire l’inventaire de ces appuis. Bien souvent, nous découvrons en nous des ressources insoupçonnées, notamment corporelles. Si, physiquement, j’ai de bons appuis, je m’aperçois que, émotionnellement, je gagne en tranquillité.
  4. Essayer, échouer et apprendre : ce n’est que par l’expérimentation que nous pouvons ajuster notre posture face aux difficultés. « Si vous échouez, n’échouez pas la leçon. », dit le Dalaï-Lama. Ce qui signifie surtout qu’il faut non seulement regarder la peur en face mais aussi nos échecs. « Qu’ai-je appris ? » est sans doute la question la plus importante en toute circonstance. La tentation est grande, souvent, de nous dire « qu’on savait déjà ». Comme est grande aussi la tentation de ne pas changer et de laisser perdurer nos difficultés.
  5. Accumuler de l’expérience : si le courage est un muscle qui se développe, cela signifie qu’il faut s’en servir régulièrement pour l’entretenir de la même manière qu’il est bienfaisant de faire de l’exercice physique tous les jours. Plus nous nous confrontons à nos peurs, même de façon modeste, plus nous avons de chance de mobiliser nos ressources dans les moments critiques.

Après avoir déroulé les 5 étapes pour affermir son courage – entendre l’appel ; identifier ses peurs ; trouver des appuis ; essayer, échouer et apprendre ; accumuler de l’expérience – je terminerai sur une anecdote. Lors d’un petit déjeuner de « Entreprendre, un voyage héroïque », l’un des participants nous avait dit : « votre histoire de héros, c’est bien, mais moi, je ne me sens pas concerné parce que je ne suis pas un héros ». Si être un héros est ne jamais être arrêté par sa peur – sans parler de ne pas avoir peur – alors oui, il avait raison de faire cette objection. Mais si être un héros est simplement, comme le dit Romain Rolland, celui qui fait ce qu’il peut en fonction des circonstances, alors chacun de nous a la possibilité d’être un héros. Peut-être pas un héros à temps plein – cela, personne ne le peut ni même ne le doit – mais un héros du quotidien, sur le chemin de sa propre aventure et dans chacune de ses entreprises.

Voilà pourquoi, avec Alain Pascail, nous avons créé le cycle du Voyage héroïque, une préparation mentale de l’entrepreneur, pour affermir son courage.

Références :

La page du stage: Entreprendre, un voyage héroïque
Les citations : https://www.voyage-heroique.fr/les-citations/